"Le rapatriement massif de capitaux vers les Etats-Unis provoque une remontée du dollar et une chute de l'euro. Un rééquilibrage attendu par les entreprises européennes qui risquent cependant de ne pas profiter, autant qu'elles le voudraient, de cette soudaine dépréciation.
La crise est en train de provoquer les réajustements de taux de change que l'Union européenne appelle de ses voeux ces derniers mois sans la moindre efficacité : l'euro a perdu près d'un quart de sa valeur depuis le 15 juillet dernier, lorsqu'il culminait à 1,6038 dollar, le yen est grimpé à son plus haut niveau contre le dollar depuis 13 ans, et le billet vert s'apprécie à l'égard de bon nombre de devises du monde émergent et d'Asie. « La hausse du dollar est à rechercher dans le phénomène de rapatriement des capitaux de tous les marchés qui sont devenus risqués, comme ceux des pays émergents ou des «commodities» vers des valeurs sûres : les obligations souveraines des Etats-Unis », explique René Defossez, stratégiste chez Natixis. Le dollar, valeur refuge, alors que les Etats-Unis sont à l'origine de la crise financière et que la récession s'y est installée ? « Oui, comme à chaque fois que la volatilité s'empare des marchés. Les investisseurs se ruent sur les bons du Trésor américain », confirme l'économiste, qui ajoute que la dette publique des Etats-Unis est en train de se substituer à la dette privée qui s'y était développée ces dernières années. L'Etat prend la place des émetteurs privés.
"Correction exceptionnelle "
L'appréciation du dollar n'est pas précisément une bonne nouvelle pour une économie qui comptait sur la faiblesse de sa monnaie pour favoriser ses exportations et alimenter sa croissance. Même s'il est incapable de dire combien de temps durera cette épisode, René Defossez confirme qu'il s'agit d'une parenthèse, liée à l'incertitude ambiante. « Structurellement, le dollar est orienté à la baisse, du fait d'un déficit courant qui ne se contracte même pas en période de récession. »
En attendant, la correction de l'euro est jugée « exceptionnelle » par Véronique Riche-Flores, économiste à la Société Générale. « Jamais l'euro n'a subi de fluctuations aussi sévères dans une période aussi courte. Il a chuté de 14 % en quatre semaines. » Un repli accentué par une conjoncture qui s'annonce désastreuse pour 2009. L'annonce faite hier par Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE) d'une baisse imminente de ses taux directeurs n'est pas faite pour attirer des investisseurs frileux.
Dans l'absolu, la baisse de l'euro est une bonne chose pour l'économie européenne, comme en atteste la satisfaction de l'organisation patronale BusinessEurope. La baisse de l'euro « est évidemment positive pour les exportations », a déclaré Philippe de Buck, le directeur général de l'organisation qui avait dénoncé il y a un an le « niveau douloureux de l'euro pour les entreprises européennes », lorsqu'il dépassait le seuil de 1,40 dollar. Mais il y a fort à parier que les entreprises européennes ne pourront pas tirer tout le profit de cette situation. D'abord « parce qu'elles ne vont pas faire beaucoup d'investissement, compte tenu de leur difficulté à se financer », note Clemente De Lucia, économiste à BNP Paribas. Ensuite parce que la demande mondiale risque d'être particulièrement faible au cours des prochains mois.
CATHERINE CHATIGNOUX"
Source : http://www.lesechos.fr/info/marches/4790365.htm?xtor=RSS-2059EADS Boeing Dollar competitivite flyintelligence
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